Prix « coup de pouce du Piage »

Publié le 6 mars 2022 Mis à jour le 19 août 2022
du 11 mars 2022 au 18 mars 2022
20220311_Piage_Bernard
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Décerné à Emma Bernard

L'association des Amis du Piage a choisi de décerner le prix "Coup de pouce" 2021 à Emma Bernard, pour son projet d'expérimentation visant à mieux connaître l'outillage retouché en os du Moustérien. Ce prix est décerné une fois par an à de jeunes chercheur.e.s de Bordeaux ou Toulouse, pour les aider à financer un projet d'archéologie expérimental.

Malgré des décennies de controverses, la présence d’outils en os au Paléolithique moyen n’est aujourd’hui plus à prouver. Cependant, si certaines catégories d’outils ont été bien définies au cours du temps, il existe une grande disparité des connaissances. C’est particulièrement le cas de l'outillage façonné par percussion, également appelé "outillage retouché", qui, malgré un intérêt renouvelé, est aujourd’hui encore largement méconnu. Cela induit un biais important dans notre compréhension des systèmes techniques moustériens. D’autant plus que cet outillage osseux moustérien, en comparaison avec les productions du Paléolithique supérieur, est aussi souvent utilisé comme un argument dans les débats sur l’émergence de la modernité comportementale.

Emma Bernard a débuté en 2020 une thèse abordant la question de l’outillage retouché au Paléolithique moyen, sous la direction d’Élise Tartar et de Sandrine Costamagno. Une étude morphométrique et technologique est actuellement réalisée sur le matériel faunique du site de Combe-Grenal, où de nombreuses pièces présentant des séries d’enlèvements à l’origine inconnue ont été découvertes. À cette étude succédera, au cours de l’année 2022, une expérimentation. Une première expérience, à visée exploratoire, a déjà été menée afin de mieux comprendre l’origine de ces enlèvements. Elle servira de base pour développer un protocole expérimental original, qui s’appliquera à tester les hypothèses formulées à la suite de l’observation du matériel archéologique.

Cette expérimentation se déroulera au laboratoire TRACES, qui propose un environnement idéal pour cette étude, intégré à la plateforme ArchéoScience (plateau expérimental extérieur, intérieur et chambre froide).

L’expérimentation se déroulera sur deux jours au cours du printemps 2022. Elle se divisera en trois grands axes :

  • La fracturation des os longs, qui semblent être les supports quasi exclusifs de ces stigmates. Lors de cette phase, nous testerons différentes manières de fracturer et observerons les restes osseux occasionnés : quels types de fragments sont produits ? Cette activité engendre-t-elle des séries de négatifs d’enlèvement sur les fragments ? Et si oui, quelles en sont les caractéristiques (nombre, forme, agencement, localisation, etc.) ?
  • Ces fragments diaphysaires seront alors retouchés en expérimentant différents types de percuteurs, modes de percussion ou types de retouche ;
  • Ces fragments retouchés ainsi que des fragments bruts seront ensuite utilisés dans différentes activités, pour tester leur efficience (e.g. utilisation en coin, sciage du bois) et identifier d’éventuelles traces d’utilisation.
 

Les restes osseux produits lors de cette expérimentation seront ensuite analysés de la même manière que le matériel archéologique (étude morphométrique et technologique) et une étude comparative sera menée. Chaque fragment, ses stigmates et sa position sur l’élément squelettique seront ensuite reportés sur le logiciel de SIG QGIS, qui permet notamment de réaliser des analyses quantitatives. Une étude tracéologique sera ensuite conduite. Sur le corpus expérimental, nous pourrons ainsi identifier des stigmates correspondant à des gestes précis et amplement documentés. Au-delà de ce travail doctoral, l’environnement contrôlé de ces expérimentations permettra de constituer un référentiel solide d’outillage et pourrait permettre d’étendre les études tracéologiques fonctionnelles des matières osseuses.